les Notes de PAssAjE

Créée en 1973, PASSAjE , association loi 1901, a pour but de favoriser l’éducation artistique et d’en promouvoir les pratiques.

10.29.2006

Des parents pas comme les autres...

Entretien avec Jacques CECHOSZ, Président de l'URAPEC Nord-Pas-de-Calais et membre du Conseil national de la FNAPEC
extrait revue FNAPEC
Vous dites que les APEC ne sont pas des associations de parents d'élèves comme les autres?
Les différences sont considérables... Pour être clair, j'en retiendrai 3 parce qu'elles sont essentielles.
  • La première réside dans le fait que nous confions volontairement et de bon gré nos enfants aux écoles de musique et de danse.
  • La seconde consiste à dire que les parents paient parfois (très) cher l'inscription et la scolarité de leurs enfants. Et nous assistons à une dérive préoccupante sur l'ensemble du territoire national, apprendre la musique dans de bonnes conditions va finir par coûter cher.
  • La troisième est souvent méconnue des parents. Les écoles dites « nationales » ne dispensent pas toutes le même enseignement. Il n'est pas rare qu'un élève titulaire d'une médaille d'or dans son école d'origine soit rétrogradé de 3 à 4 classes quand il s'inscrit dans un autre établissement... Cet état de fait est profondément anormal.

Les écoles ne fonctionnent donc pas selon le modèle de l'éducation nationale ?

C'est loin d'être le cas... Les financement sont essentiellement municipaux, la règle du jeu qui prévaut est donc municipale avec tous les inconvénients qui en découlent.
Pouvez-vous en évoquer quelques uns ?
Comme il est d'usage d'aborder cette question avec beaucoup de précautions, je reprendrai les termes de la présidente fondatrice de la FNAPEC : « Qui paie commande... ». La mairie est souveraine... notamment dans la politique de recrutement . Décentralisation oblige, l'Etat peine souvent à se faire entendre.
Y compris sur ce qui relève des choix pédagogiques ?
Oui et non. Il existe bel et bien des textes mais leur application relève souvent de la seule interprétation qu'en fera le directeur de l'école. Et j'en connais, notamment au niveau des petites écoles, à qui j'ai appris l'existence de certains textes inconnus d'eux ! Pensez qu'il n'existe même pas de structure de contrôle des enseignements.. Le résultat est parfois alarmant et nous avons le sentiment que personne ne s'en soucie vraiment !
Vous êtes donc les poils à gratter du système ?
Certainement pas... Les poils à gratter finissent par irriter ! Nous revendiquons simplement notre place dans la communauté éducative et nous entendons le rappeler haut et fort à une Institution qui oublie le rôle fondamental des parents en matière de transmission des savoirs.
Quel est donc le rôle des parents et de l'APEC en particulier, dans cet environnement ?
Participer aux réflexions concernant l'organisation des études artistiques que s'approprient les « professionnels de la profession » et éviter l'apparition de nouvelles usines à gaz dont l'administration a parfois le secret.
Pouvez-vous être plus explicite ?
L'encadrement pédagogique laisse souvent à désirer. D'un coté de l'échelle, on perd un nombre invraisemblable d'élèves avant que ceux-ci aient pu goûter aux joies de la musique. Parce que le « solfège » les a rebutés. De l'autre, on laisse espérer à d'autres des carrières artistiques, auxquelles on ne les a pas préparés. Pour répondre à tout cela, « on » continue à construire des projets, « on » réfléchit sur ce qu'il « faudrait » faire. Mais « on » finit par oublier les enfants.
Alors ?
Nous aimerions bien rencontrer ces « on » et leur rapporter qu'on pourrait éviter bien des erreurs avec un peu de concertation. « On » gagnerait à se souvenir que ce sont les parents qui font le premier choix. Ce sont encore les parents qui soutiennent et encadrent les efforts des enfants.
Qu'attendez-vous des pouvoirs publics ?
De la sagesse et du discernement dans les choix... Une pédagogie vivante et pas simplement intuitive... L'accès aux musiques d'aujourd'hui et pas simplement aux musiques pieusement conservées dans les conservatoires. En un mot nous attendons un peu d'audace !
Un exemple peut-être ?
Nos enfants sont surbookés durant la période scolaire et pratiquement livrés à eux-mêmes pendant les vacances. Pourquoi ne pas imaginer des ateliers qui accueilleraient les jeunes pour consolider les connaissances acquises en période scolaire ? On parle trop souvent « coût » de l'élève inscrit en école et pas suffisamment coût social des enfants livrés à eux-mêmes.On peut s'étonner que ces points ne fassent pas partie du quotidien des écoles... Nous nous en étonnons quotidiennement.
Quelles sont vos autres préoccupations ?
Elles sont de deux ordres. Nous souhaitons ardemment nous rapprocher des « petites » écoles municipales ou associatives et entendre leurs préoccupations à la veille de leur intégration dans de vastes projets soutenus par les communautés d'agglomération en cours de création. Par ailleurs, nous entendons expliquer à nos « partenaires naturels » que notre action est motivée par un principe de base : pour que les choses fonctionnent « il faut bien que les parents comprennent ce que les enfants apprennent ».
Un dernier mot ?
Ncus sommes des parents au service d'autres parents qui confient leur enfants à un système dans lequel règne parfois une grande opacité.Tout le monde parle de culture et d'ouverture au monde des Arts.
Nous disons : "Chiche ! Allons-y... mais ensemble! ".